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Message d'alerte

Ce témoignage anonyme a été reçu dans le cadre de l'appel à témoignage que vous pouvez lire ici et nous écrire à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Si ma vie doit se résumer à me faire manger, laver les fesses et dormir, elle ne présente aucun intérêt. Ayant 6 heures de PCH quotidienne, j'ai besoin d'un SAAD en mode prestataire, réactif, qui s'adapte à mes besoins horaires variables, et surtout qui me propose un nombre limité d'intervenants qui connaissent parfaitement ma situation et les besoins. Or ces 3 derniers mois, j'ai eu affaire à plus de 20 personnes différentes, dont certaines comprenaient mal mes besoins et mes consignes, et qui m'ont épuisé. J'ai besoin d'aide sur le plan physique pour me faire la toilette, pour m'habiller me déshabiller, mais aussi pour me faire les courses, préparer les repas. Mais surtout, j'ai besoin de personnes qui m'aident à me repérer dans le temps, qui me stimulent, et qui m'aident à organiser mon quotidien, afin que malgré ma fatigue, je puisse avoir une vie active et riche.

 

Le matin, la galère peut commencer par une auxiliaire qui n'a pas les clés et qui nécessite qu’endormie je vienne lui ouvrir la porte, puis que je lui explique comment préparer mon petit déjeuner : cela donne vite envie de se recoucher. Puis ça continue par la mise des bas de contention, opération extrêmement douloureuse, pour laquelle il est assez facile de montrer comment faire, mais beaucoup moins d'expliquer oralement. Alors si la personne ne pige pas rapidement, qu'elle me fait mal, je peux vite m'emporter. Pour la toilette et l'habillage, j'ai mes propres méthodes, toujours pour éviter de trop me faire mal, et là aussi expliquer avec des mots ce que je ne peux pas montrer par moi-même devient vite insupportable.

Par la faute d'intervenants inhabituels, ces dernières semaines, j'ai plusieurs fois oublié de prendre mes médicaments, mon courrier a été oublié pendant plus d'une semaine dans ma boîte aux lettres, et l'autre jour l'auxiliaire a oublié de m'habiller en partant, résultat panique au moment de partir. Heureusement pour mes repas que j'ai un stock de repas préparé selon mes recettes et stocké au congélateur en portion individuelle, sinon j'aurais mangé n'importe quoi et n'importe comment.

Et parce que je ne suis pas en capacité d'entretenir mon logement, ni mon linge, ni de refaire mon lit, je fais bien évidemment appel à mes auxiliaires de vie pour tout cela, et le département et le service me renvoient que ces actes n'ont pas à être pris en charge par la PCH. J'attends toujours qu'on m'explique comment me faire la toilette avec du linge que l'on ne nettoie jamais, et comment me faire manger si l'on ne fait pas les courses ni prépare les repas. Je n'ai toujours aucune réponse sur ces points précis.

À force d'être maltraités par des services qui parent au plus pressé et ont de plus en plus de mal à recruter, on en devient soi-même maltraitant avec ceux qui interviennent ponctuellement, car l'épuisement et la colère débordent vite. Services qui embauchent n'importe qui, et qui font fuir les bons éléments, en les rappelant sur leurs jours de congés pour les faire travailler en les culpabilisant sur le fait que Madame untel n’aura personne s'ils ne viennent pas. Services qui font intervenir les mêmes personnes très tôt le matin et très tard le soir, conduisant les personnels aussi à l'épuisement. Mais il serait trop facile de tout mettre sur le dos de ces services, quand on sait que l'État accorde un tarif PCH très largement inférieur au coût de revient moyen des services prestataires personnes handicapées, et que les départements qui sont autorisés à tarifer le font généralement avec des tarifs aussi inférieurs au coût de revient.

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